L’Evolution des caractères morphologiques de l’articulation temporo-mandibulaire (A. T. M.) des hominidés et implications phylogénétiques

Résumé. — Une analyse cladistique des caractères évolutifs de la morphologie de la partie crânienne de l'articulation temporomandibulaire (ATM) aboutit à la proposition de plusieurs cladogrammes. Les relations phylétiques issues de ces cladogrammes dépendent de la compostion des taxons, de la définition phénétique des caractères, de leur association dans différents complexes anatomico-fonctionnels, des données de l 'ontogenèse et de leur allométrie. Un seul est retenu après avoir considéré les problèmes de parallélisme et de convergence qui sont fréquents à un tel niveau taxinomique. La phylogénie basée sur ces résultats reconnaît trois lignées bien individualisées vers 2,5 MA : la lignée humaine et deux lignées d'australopithèques robustes, dont une en Afrique orientale et l'autre en Afrique australe. La lignée humaine relie A . afarensis, A. africanus (Sterkfontein) et H. habilis (et le cladcHomo). La lignée robuste de l 'Afrique de l 'Est comprend A . afarensis, A . aethiopicus et A . boisei. Le taxon Л . aethiopicus présente un ensemble de caractères primitifs et dérivés qui s'accordent avec son statut d'espèce intermédiaire entre les plus anciens australopithèques d'un côté et les plus robustes de l'autre. Les fossiles des Membres D à G de l'Omo s'intercalent entre A. aethiopicus et A. boisei. La lignée robuste de l'Afrique du Sud associe MLD 37/38, A. robustus et A. crassidens. Son origine se trouve probablement parmi les «A. africanus» à caractères robustes et archaïques du Membre 4 de Sterkfontein, certainement proches de A. aethiopicus, suggérant un tronc commun pour les deux lignées robustes à partir d'A. afarensis. Cette hypothèse range les australopithèques robustes dans un même groupe paraphylétique. Toutefois, il demeure tout à fait possible que la lignée de l'Afrique de l'Est représente un clade ayant divergé très tôt en raison des caractères robustes des Л . afarensis (les pré- Australopithecus de Coppens, 198 1). Les conclusions de cette étude s'ajoutent à celles d'autres travaux récents qui soulignent une diversification fort ancienne de la famille des hominidés et qui suggèrent qu'il exista un nombre plus important de taxons, à commencer chez A. africanus au sens classique, et probablement parmi les premiers hommes (Homo habilis).

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