Le vieillissement individuel dans une population rurale française.

Résumé et conclusion. Au terme de cette enquête, et en dépit de la petite taille de l'échantillon étudié, il semble permis de tirer deux conclusions générales : 1° Sous l'angle de ses modalités de vieillissement, la population de Plozévet ne se comporte pas comme un ensemble homogène. Malgré leur communauté d'origine (la moitié des marins et 44 % des commerçants du bourg examinés ont un père agriculteur), cultivateurs, marins et commerçants se différencient par de nombreuses particularités morphologiques, physiologiques et pathologiques. En l'absence de toute différence génétique de base, ce vieillissement différentiel est donc, en toute probabilité, imputable aux conditions écologiques dissemblables dans lesquelles vivent ces trois catégories socio- économiques principales. La part éventuelle de l'alimentation devra être déterminée par une enquête nutritionnelle comparée de ces trois composantes de la population plozévétienne. Le phénomène du vieillissement différentiel n'est donc nullement particulier aux populations urbaines ; il se retrouve dans toute communauté rurale présentant une spécialisation professionnelle suffisante. 2° Contrairement à l'image idyllique que trop de citadins se font encore des conditions de vie du monde paysan traditionnel, on ne vieillit pas mieux à Plozévet qu'à Paris. A âge égal, les performances des Plozévétiens ne sont jamais meilleures que celles des Parisiens ; dans le seul cas (force musculaire) où il en est ainsi dans les classes d'âge les plus jeunes, cet avantage est de courte durée et les citadins présentent, après la cinquantaine, une force de préhension supérieure à celle des Plozévétiens. Qui plus est, agriculteurs, marins et commerçants ont une fâcheuse tendance à l'hypertension, à l'obésité, à l'hyperglycémie et à l'hypercholestérolémie — et la proportion de ceux qui doivent avoir recours, pour dormir, aux somnifères est pratiquement la même qu'à Paris. Plus que la «vie au grand air » et les « aliments naturels », ce sont bien plutôt l'amélioration des conditions de logement, de travail et d'hygiène, ainsi que l'élévation du niveau de vie, qui constituent les facteurs écologiques les plus favorables au freinage des processus de sénescence.

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