Résumé. — L'analyse des connexions et des dislocations articulaires est désormais fondamentale dans toute étude archéologique de sépulture. Or, l'opposition classique de décomposition des articulations (labiles vs. persistantes) ne s'applique pas toujours. Les sites proposés présentent tous les trois des exemples de « dislocation en ordre paradoxal » : malgré des positions de déséquilibre et/ou des manipulations postérieures au dépôt originel, le maintien en connexion d'articulations labiles va de pair avec la rupture d'éléments réputés persistants. Dans la nécropole nord de l'île de Saï (Soudan), ces phénomènes sont explicables par une momification naturelle avérée, encore observable. A Mehrgarh (Pakistan) ces observations concernent des sujets ayant subi de très amples manipulations (réduction de corps ou sépulture secondaire) ; à Manihina (Iles Marquises, Polynésie française) des remaniements post-inhumation laissent aussi les connexions dans ce même état paradoxal tandis que les premiers ethnographes des Marquises attestent de pratiques de momification par dessiccation malgré le climat subtropical. La similitude de ces observations fait proposer Г hypothèse d'une momification, naturelle ou non, avant une possible reprise des processus de décomposition.